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Dernier jour du Défi Azimut et possibilité sur le tour de l’île de Groix d’embarquer à bord des IMOCA. Une chance inespérée de découvrir l’un des derniers-nés, L’Occitane en Provence, doté d’une étrave ronde façon « scow » et d’une carène ultra planante, dessiné par l’architecte Sam Manuard. Embarquement immédiat…

Top départ ! Armel Tripon à la barre, concentré, observe le plan d’eau et les voiles en gardant toujours un œil sur les données cap, vent, vitesse sur les répétiteurs installés de chaque côté du cockpit. Objectif vitesse max dans ces conditions de vent légèrement forcissantes. L’Occitane en Provence accélère. « On n’est pas mal, il faut reprendre un peu de J0 » lance le skipper nantais, d’une zénitude absolue, homme heureux de son bateau. « Les 48 heures en solitaire Azimut ont été formidables. Je me suis régalé, j’ai vu le potentiel du bateau, on a joué avec les meilleurs, il va falloir maintenant se faire des navigations dans la grosse brise avant le Vendée Globe » confiait Armel pendant la pause sandwich 15 mn avant le départ du Tour de l’île de Groix.

Imaginer que les manœuvres se font en solo

A bord, ça ne chôme pas. Cinq personnes de l’équipe technique sont à la manœuvre. Deux sous la casquette, deux à l’avant, un qui fait le relais infos : 18,28 m de long, c’est grand un pont d’IMOCA ! PRB au vent, Charal dessous, L’Occitane en Provence tient la cadence, malgré le vent qui commence à faiblir. Changement de voile, le FRO est de sortie. « Le FRO, c’est un code 0 de capelage, idéal pour le petit temps et pour faire du cap » explique Matteo, un des préparateurs de L’Occitane en Provence. Il faut maintenant hisser, dérouler, affaler le J2, le ranger, et tirer le sac sur le pont pour le mettre au bon endroit. « En solitaire, c’est du boulot mais on prend le temps. Le Vendée Globe n’a rien à voir avec ce format de régate courte. On s’organise, on se prépare. Tout seul, ce type de manœuvre me prend 40 mn car je fais des allers et retours entre l’avant et le moulin à café. Et à la fin, tu souffles ! » explique Armel. C’est qu’il en faut de la « caisse » ! Grosses suées et cardio à fond, le physique doit suivre…

Regroupement à la pointe des Chats

La tactique est le sujet de conversation du bord. Il faut aller contourner la cardinale de la pointe des Chats dans le sud-est de l’île de Groix, et un ou plusieurs virements de bord sont à prévoir. Alors que LinkedOut, MASCF choisissent de longer les falaises, L’Occitane en Provence prend le large avec PRB et Charal. « On vire ! » lance Armel. Le bateau noir et jaune aux longs foils se déhale sur l’autre bord et ré accélère rapidement. Passé la pointe, place au spi. Les 300 m2 de toile se déploient sous les yeux médusés des nombreux spectateurs venus en bateaux admirer ces incroyables machines de courses en pleine action. L’Occitane en Provence glisse comme sur une toile cirée tellement la mer est plate. Les winches se mettent à couiner, du bruit sourd sur cette immense coque en carbone, la manœuvre d’empannage est en cours pour rejoindre la ligne d’arrivée. Le temps de jeter un œil à l’intérieur pour comprendre combien la vie est spartiate à bord de ces IMOCA. Un ordinateur et des répétiteurs sur une table coulissante et orientable, une bannette sur chaque bord où dort Armel, un réchaud, une bouilloire, la vie autour du monde en solitaire ressemblera à la vie dans une grotte toujours en mouvement. Armel Tripon n’en a cure. Le Vendée Globe est son rêve, la compétition, son adrénaline et son bateau, son compagnon de route volant…  Un homme humble et heureux, on vous dit !